Tout d' abord, il faut pouvoir accepter.
Car, cela n'est pas concevable pour toutes et tous, de devoir effectuer ce travail :
Une vacation funéraire.
Au premier matin, la nuit n' a pas été reposante, mais
je suis là, à l'heure matinale, toujours en avance sur mon listing de la journée,
avec ma boîte plastique bleue ( cire, chalumeau , sceau, stylo, briquet, recharge de gaz, tampon encreur et tampon qui va avec, clés de voiture ).
Souriant, une cigarette à consumer avant de me présenter aux hommes en noirs.
Politesse et bonne humeur globale.
Signatures et vérifications, de rigueur chronologique des diverses pièces.
Bonne humeur déposée à l'extérieur, nos masques se posent sur les visages fermés, en entrant le salon funéraire.
Avoir en visuel et quantifier, les personnes présentes, jauger le stock de leurs larmes.
Vérification du bracelet pour confirmer l'identité.
Le maître de cérémonie, d'une voix posée, au débit variable, envahit le silence des deuils et des recueillements, pour annoncer l' opportunité de faire un ultime geste, ou pas.
Regarder les hommes en noir, déposer le couvercle, plat ou incliné, lentement.
Poser les vis, vissage au tournevis ou au vilebrequin.
Les hommes en noir se reculent contre les murs.
C'est à moi d'avancer, devant les familles.
Allumer le chalumeau, tenir le bâton de cire dans la main
et faire fondre la cire en quantié suffisante pour apposer un scellé.
Un, en haut et un, en bas.
Mes deux mains, instantanément, se mettent à trembler d'un tremblement, visible de tous.
Et continuer à faire fonder la cire, l'étaler en cercle et apposer le sceau.
Faire le second sceau, avec la maîtrise de devoir calmer ses mains.
Je me recule , la cérémonie est terminée.
Certains regards me remercient d'un pâle sourire toujours sincère,
d'autres, d'un geste, certains, à l'extérieur, à mon départ,
du point B vers le point F .......